Nunavik
La baie d’Ungava est une région immense, non reconnue et faiblement peuplée. Le climat rude a forgé des paysages ici. La faune et la flore se battent chaque jour pour survivre et offrent des moments inoubliables à ceux qui prennent le temps.
Il faut être expérimenté pour s’y aventurer et les services d’un guide sont inévitables. Votre survie en dépend. Une fois que vous aurez compris tout cela, préparez-vous à un changement radical de votre rythme de vie. Là-bas, on ne vit pas selon un horaire fixe mais plutôt avec les conditions du jour. Laissez-moi vous expliquer…
Les marées sont parmi les plus hautes du monde, jusqu’à 40 pieds. La logistique de l’exploitation des bateaux et de la navigation s’en trouve compliquée et il n’y a pas d’autre solution que de s’y conformer. Nous ne prenons pas la mer quand nous le voulons, mais quand il est temps de le faire. En fonction des tables des marées, les horaires peuvent être adaptés et vous devez vous préparer à passer parfois 8 à 10 heures sans revenir au lodge.
S’il faut être prêt à accepter de tels horaires, il s’agit néanmoins d’un rêve. La toute première fois que j’ai été déposé sur une île entourée de nombreux oiseaux, j’ai réalisé tout d’un coup que je “devais” y passer 12 heures, ni plus ni moins.
En 12 heures, nous avons le temps de prendre le temps. Nous étudions, observons et élaborons une stratégie pour capturer telle ou telle photo… et nous avons le temps de le faire ! Le fait que vous deviez passer 12 heures au même endroit est prévisible (c’est peut-être la seule chose prévisible là-bas) et vous vous préparez donc en conséquence.
Les paysages
Ils sont uniques… la particularité de ce territoire est que l’on peut voir très loin… Côté terre, les anciens glaciers ont sculpté un relief peu accentué en créant des lacunes dans la roche. Au milieu des collines rocheuses et des vallées vertes, il y a de très vieux épicéas au ras du sol, tordus et pleins d’histoires. Les rivières et les ruisseaux se frayent un chemin à travers un sentier jusqu’aux eaux salées de la baie d’Ungava.
Le temps prend une autre dimension ici. Le soir, le soleil s’échappe à peine de l’horizon pour se lever quelques minutes plus tard, offrant un spectacle saisissant de jeux de couleurs et d’ombres. Les journées sont longues et vous aurez tout le temps d’en profiter.
Bord de mer
Lorsque la baie d’Ungava ressemble à un miroir, il est temps de se rapprocher de la banquise et des icebergs. C’est très impressionnant… L’expérience d’un déjeuner en mer ancré sur la glace est unique et la faune environnante fera le spectacle. Le cadre et l’atmosphère fantastiques épuiseront vos batteries et surchargeront vos cartes mémoire.
La rencontre avec des Inuits de passage ou venus chasser ou pêcher agrémentera la journée de nouveaux visages, d’une langue particulière et de personnalités adaptées à la vie de cette région.
Faune sauvage
Tout est blanc en hiver et tout est… très bien camouflé en été. Même l’ours polaire qui est blanc toute l’année est plutôt d’un gris sale en été et difficile à localiser s’il ne bouge pas. Les renards arctiques et les lièvres prennent la même couleur que les rochers. Les lagopèdes des saules ont les couleurs et la texture de la toundra. Mais les animaux sont partout et très actifs. Début juillet, c’est la saison des mises bas et les adultes sont occupés à nourrir leurs nouveau-nés. En les suivant de loin, on peut assez souvent repérer leurs terriers. Les animaux que j’ai rencontrés là-bas se sont complètement désintéressés de moi et ont vaqué à leurs occupations quotidiennes pour autant que je respecte une attitude adaptée. C’est la situation parfaite pour prendre des photos de comportement, sans aucune interaction entre les sujets et le photographe.
Les oiseaux envahissent les îles pour la plupart. La buse à pattes rudes domine la toundra. Les sternes arctiques, les eiders à duvet et les guillemots à miroir abondent sur les îles rocheuses où ils nichent. Un oiseau très impressionnant, le poisson-chat plongeur, est très présent. Il partage son territoire avec son grand frère le plongeon huard, qui est moins fréquent.
En juillet, la plupart des oies et des grandes oies des neiges sont déjà parties. À hauteur respective, on trouve encore de rares grues du Canada et des cygnes trompettes ou siffleurs. De fin juillet à septembre, les harfangs des neiges sont observés très fréquemment et sont assez faciles à poser.
La baie d’Ungava offre une faune, une flore et des paysages uniques… Une expérience de vie et d’exotisme garantie. Les perspectives sont extraordinaires pour les photographes en quête d’authenticité, de paysages et de vie sauvage.
Les guides sont équipés d’une radio VHF reliée à la base du camp principal, de matériel de survie, de fusées de détresse et d’une arme adaptée à la protection contre les ours polaires. Les bateaux sont bien adaptés à la navigation dans les eaux nordiques. Ils sont équipés d’un sonar et d’un GPS pour le brouillard. La règle générale est de toujours rester ensemble (à cause des ours polaires) et de ne jamais sortir seul en mer ou dans la toundra.